CYBELE
Dossier médical
A 20 ans, anorexie mentale, IMC (Indice de masse corporelle) : 17, début des insomnies. A 25 ans, naissance d'une fille ; à 26 ans d'un garçon. De 52 et 55 ans, douleurs pelviennes invalidantes inexpliquées et lombalgies motivant un arrêt de travail d'un an, un bermuda plâtré, un séjour dans un centre de rééducation ; diagnostic de hernie discale, de canal lombaire étroit qui fera poser une indication chirurgicale non réalisée. A 56 ans, amélioration des lombalgies, reprise du travail.
Sa vie
« J'ai eu une enfance très difficile, mon père était alcoolique, il avait l'alcool mauvais. Il y avait des violences sur ma mère et sur moi, il a voulu me tuer quand j'avais 10 ans par étranglement. J'ai fait des cauchemars terribles jusqu'à 40 ans. On ne peut pas imaginer quand on n'a pas vécu cela, peu de gens peuvent entendre cela, il y a des choses indicibles. Je n'ai aucun bon souvenir avec mes parents. Enfant, on comprend vite si l'on raconte certaines choses qui se passent à la maison qu'elles ne sont pas normales, donc je me taisais. Petite fille, j'étais terrorisée quand la maîtresse demandait de raconter les vacances ou bien le week-end. Je ne sais pas raconter, ni écrire, j'ai toujours eu de très mauvaises notes en rédaction. Quand j'ai voulu faire l'école des cadres, j'ai compris que je ne le pouvais pas car j'étais incapable de rédiger des rapports, des dissertations.
A 20 ans, j'ai subi une tentative de viol, je n'en ai pas parlé. A l'époque, une fille qui se faisait violer, c'était de sa faute. En plus, les deux violeurs étaient des copains de mon frère, je ne me suis pas méfiée, je les ai suivis sur la plage lors d'une soirée. Que répondre à la police qui me demanderait ce que je faisais sur la plage avec 2 garçons à 11h du soir ? J'ai enfoui tout cela, j'en ai parlé la première fois à ma fille quand elle était ado pour la prévenir, la protéger, j'avais 40 ans et aujourd'hui, à 55 ans à vous pour la seconde fois. Sinon mon mari ne le sait pas, mes parents non plus. Une fois mon médecin traitant m'a posé la question de violence sexuelle, j'ai répondu non et je n'en ai pas non plus parlé au psychiatre. J'ai une mauvaise image de l'homme. C'est après la tentative de viol que j'ai eu des problèmes de sommeil qui perdurent depuis, que j'ai fait une anorexie, j'ai pesé 42 kg pour 1m62. Je ne peux pas prendre l'ascenseur toute seule ; une fois, je n'ai pas voulu faire de la rééducation en piscine car il y avait un homme en même temps que moi, la kinésithérapeute n'a pas compris. Mes rapports sexuels ne sont pas douloureux mais ont toujours été une obligation, je me suis forcée pendant 30 ans et maintenant je ne veux plus. Je ne vois plus mes parents depuis longtemps et à 35 ans, j'avais prévu une rencontre avec mon père, mais je n'ai pas pu, je me suis sauvée juste avant. On ne peut pas pardonner. »
Sa réflexion
« J'ai des douleurs pelviennes et lombaires terribles, horribles depuis l'âge de 52 ans, date de ma ménopause, du départ de mes enfants, de la prise de conscience que ma vie professionnelle n'est pas réussie. Tout est remonté à ce moment-là, j'appelle cela traîner ses casseroles. Un neurochirurgien a voulu m'opérer de la hernie discale, du canal lombaire étroit mais je n'ai pas voulu. A 53 ans, j'ai consulté un nouveau psychiatre que je vous ai demandé d'informer des violences que j'ai subies, de la tentative de viol parce que je ne me sentais pas capable de le faire. Il m'a prescrit des antidépresseurs et des anxiolytiques que je n'ai pas voulu prendre.
J'ai compris très récemment avec des lectures que les pervers ce sont eux et la victime c'est moi et c'est depuis que j'ai compris cela que mes douleurs ont diminué, que je vais beaucoup mieux et que j'ai pu reprendre le travail. »