MARINE
Dossier médical
A 21 ans IVG. A 24 ans naissance d'une fille, à 25 d'un garçon. A 28 ans fausse couche. A 29 ans naissance d'une fille. A 31 ans chirurgie d'une hernie discale L4-L5.
Sa vie
« J'appartiens à une fratrie de six enfants, cinq filles et ensuite un garçon. Je suis la seconde. J'ai eu une enfance à la ferme dure, mais sans maltraitance, avec des parents qui travaillaient beaucoup et qu'on devait aider. Il n'y a pas eu de différence de traitement entre les enfants, enfin entre les filles, après le garçon, ce n'était pas pareil, mais on peut le comprendre. Mon père était le chef de famille qui commandait, il fallait tout accepter, il ne fallait pas prendre d'initiative. En amour et dans la vie courante, j'ai toujours eu des difficultés à m'exprimer, à prendre des initiatives.
A partir du moment où j'ai fréquenté mon mari, ma famille m'a rejetée. Je me suis mariée malgré cela, j'étais enceinte, sans doute parce qu'on ne m'avait jamais parlé de contraception, ni de mes règles d'ailleurs, quand je les ai eues, je ne savais presque rien. J'ai fait un mariage d'amour, avec un homme ayant un patrimoine, une ferme plus importante que celle de mes parents. Je pense que la jalousie a empêché mon choix d'être accepté, surtout de ma sœur aînée qui a mené une cabale contre moi. Elle a fait barrage entre mes parents et moi, elle a privé mes enfants de leurs grands-parents. Mon mari aussi s'est senti exclu, ma famille l'a rejeté. Puis les choses se sont envenimées parce qu'on n'en a jamais parlé avec ma famille de tout cela, on n'a jamais mis les choses à plat, je n'ai plus revu ma famille après mon mariage. Une de mes sœurs est décédée, je ne l'ai revue que sur son lit de mort.
Sa réflexion
« J'avais déjà pensé à la place qu'occupaient les difficultés avec ma famille dans mon problème de dos. J'avais déjà fait le lien, car c'est très lourd à porter ces difficultés de famille. J'ai toujours eu mal au dos depuis l'âge de 14 ans, sans doute parce que je portais des choses très lourdes, des bidons de lait et on n'avait pas le droit de se plaindre, on aidait beaucoup les parents. Puis ensuite selon les périodes, cela a continué. En fait mes douleurs de dos anciennes se sont nettement aggravées au mois d'octobre l'année de mes 30 ans, c'est le mois où j'ai reçu une lettre de ma mère me prévenant que mon père était très malade. Mon mari et moi sommes allés le voir avec nos enfants qui ne le connaissaient pas. On s'est dit que des banalités, on n'a pas vraiment parlé. Puis mon père est mort en février suivant, il avait 57 ans. J'ai été opérée en semi-urgence un mois plus tard, après j'ai cessé de souffrir. Depuis que je suis ménopausée, que j'ai perdu ma capacité à continuer la filiation, ma libido s'est nettement améliorée comme si cette impossibilité de nouvelle descendance me libérait de la filiation douloureuse de mon père. »