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DALILA

Dossier médical

A 20 ans maladie de Crohn (maladie auto-immune du tube digestif). A 31 ans naissance d'un garçon. A 32 et 39 ans IVG. A 37 ans fausse couche.

Sa vie

« Mon père a disparu le lendemain de ma naissance, sans laisser d'adresse, sans m'avoir reconnue. J'ai été élevée par une mère aimante, elle avait 20 ans quand je suis née, mes grands-parents maternels l'ont aidée. J'ai grandi en sachant que mon père était parti, sans en connaître les raisons, je savais seulement que mon papa ne s'occupait pas de moi. Comme je n'avais pas de papa je m'en inventais un, je le dessinais. Quand j'avais 9 ans, ma mère a vécu avec un homme qui a joué le rôle, il est parti quand j'avais 15 ans, me laissant de nouveau sans papa. J'ai vécu sans grands tourments jusqu'à ce moment-là, mais les affaires se sont corsées à cette période d'adolescence. Quand je suis entrée au lycée, je n'ai pas caché que je n'avais pas de papa, alors les méchancetés ont commencé à s'abattre sur moi : 'Ta mère est une pute, tu es une bâtarde.' Dans les yeux des autres j'ai rencontré ma singularité qui a commencé à devenir un problème et les questions sont arrivées comme une avalanche. Pourquoi mon père n'avait-il pas voulu de moi ? Qu'est- ce que j'avais fait pour qu'il parte ? J'ai été envahie par la colère et la culpabilité. A cette période j'en avais vraiment besoin de mon père et j'ai senti le manque cruel, j'aurais voulu qu'il soit là, qu'il vienne me voir, me chercher à l'école. Je n'ai pas fait de recherches pour le retrouver car la peur m'en a empêchée, la peur de savoir, la peur d'être déçue. Je me suis révoltée, j'en voulais à la terre entière, je ne m'aimais pas, je ne me trouvais pas belle. Ma mère m'a mise en pension chez les sœurs, je pleurais tous les soirs, d'abord jusqu'au baccalauréat puis 2 ans supplémentaires. Je suis rentrée à la maison à 20 ans.

A 29 ans j'ai rencontré mon mari, nous avons projeté une grossesse. Les médecins m'ont mise en garde contre la difficulté de traitement d'une éventuelle crise pendant la grossesse. J'ai été enceinte rapidement et la grossesse s'est très bien passée, ma grossesse a été un état de grâce et j'ai eu mon fils. J'ai de nouveau été enceinte un an plus tard, mais c'était trop tôt après la première grossesse, j'ai décidé l'IVG. Je n'ai pas fait de contraception ensuite, une nouvelle grossesse n'est venue que 5 ans plus tard, mais j'ai fait une fausse couche. La grossesse survenue à 39 ans arrivait trop tard. »

Sa réflexion

« Mon père m'a manqué à partir de mes 15 ans et c'est à 20 ans, après 5 années de révolte, de culpabilité, de colère contre la terre entière que pour des douleurs très violentes j'ai été hospitalisée en urgence et que le diagnostic de maladie de Crohn a été retenu**.** Je n'avais jamais eu de signe d'alerte, de problème digestif auparavant. J'ai fait une légère poussée un an plus tard et n'en ai plus jamais refait, j'ai gardé le traitement pendant 10 ans. Je pense que la colère, la révolte, la culpabilité ont disparu en même temps que le manque de mon père, quand je suis devenue adulte, puis quand mon mari a comblé ce manque.

Tous les noms propres ont été anonymisés.