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VANILLE

Dossier médical

A 22 ans naissance d'un premier enfant à 38 semaines d'aménorrhée, accouchement déclenché pour toxémie, insomnies pendant la grossesse. Cystites à répétition entre 30 et 35 ans. Vitiligo (maladie auto-immune cutanée) à 55 ans.

Sa vie

« Je suis l'aînée d'une fratrie de 5. J'ai eu une enfance heureuse même si, quand j'ai eu 12 ans, je n'ai pas du tout accepté la naissance de ma dernière sœur, je trouvais inconvenant d'avoir autant d'enfants. J'ai le sentiment que ma mère a subi ses enfants. En fait il y en a eu 6 mais une petite sœur est morte à 3 mois d'une complication d'une otite, j'avais 7 ans. J'ai changé de maman le jour du décès, elle n'a plus jamais été la même, ce décès a été un fardeau à porter. D'abord pour ma maman qui le porte et le portera jusqu'au bout, puis pour ma sœur cadette qui disait régulièrement qu'elle était responsable, coupable de ce décès. Et moi aussi je porte le fardeau, j'ai encore des flashs de la chambre où cette petite sœur est morte, je la revois précisément et la reverrai toujours dans son berceau quand ma mère m'a dit : 'Embrasse ta sœur, tu ne la reverras plus jamais.' Cette image est très nette comme si c'était hier, c'est imprimé à vie, j'y pense régulièrement. Je ne suis jamais pleinement heureuse car il y a toujours cela dans un coin de ma tête, comme un frein. Le sentiment le plus difficile pour moi est la tristesse liée à cet évènement qui est le plus difficile de ma vie. Surtout que, comme on est une famille de taiseux, on n'en n'a jamais parlé. Etrangement j'ai accepté la mort de ma sœur cadette à 55 ans qui était très proche de moi, et que j'ai accompagnée pendant ses derniers mois alors que je n'ai jamais accepté la mort de cette petite sœur qui n'avait que trois mois.

A 18 ans j'ai fait le maximum pour être autonome, ne plus être à la charge de mes parents. Je me suis mariée à 20 ans, puis j'ai été enceinte 15 mois plus tard. Même si je voulais un enfant, cette grossesse je l'ai mal acceptée, surtout la seconde partie pour 2 raisons. La première, j'ai du mal à la dire, à en parler, est que je me sentais déformée physiquement et ne l'acceptais pas, j'avais trop peur de le rester après la grossesse. La seconde raison est que j'appréhendais terriblement l'accouchement. Peut-être parce que je suis née par forceps et que ma mère m'en a souvent parlé en racontant qu'elle avait passé un très mauvais quart d'heure. Au dernier trimestre, j'y pensais tous les jours, surtout quand j'ai pris mon congé maternité, c'est devenu obsessionnel, je comptais les jours, je me disais : 'Cela va arriver', c'était horrible, cela me réveillait la nuit ! J'avais peur de la souffrance, que l'accouchement se passe mal. J'étais inquiète au-delà du raisonnable, je me sentais dans un état de stress maximal. Ma peur était à 8 sur une échelle de 10 et je n'en parlais à personne. Je n'en pouvais plus, il fallait que cela finisse. Lors d'une consultation le gynécologue m'a trouvé 20/15 de tension, il m'a gardée et a déclenché l'accouchement.

A 23 ans j'ai rencontré un autre homme et divorcé d'avec mon mari. Au début tout s'est bien passé, puis il est devenu autoritaire, pas très gentil avec ma fille, l'entente s'est peu à peu détériorée. A 35 ans, je suis partie pendant 14 mois, il est alors venu me chercher. Je suis revenue mais en mettant mes conditions, mes limites, j'ai clarifié ce qui ne l'était pas et cela se passe beaucoup mieux depuis. »

Sa réflexion

« Je pense que mes peurs pendant la grossesse ont été pour quelque chose dans ce problème de tension. Après l'accouchement, je me suis dit je n'aurais plus jamais d'enfant, non pas à cause de l'accouchement, mais à cause de l'angoisse des 3 derniers mois de la grossesse.

En mettant en perspective les soucis que j'ai eus de cystites à répétition, infections gynécologiques très fréquentes, pendant une durée de 5 à 6 ans, je me rends compte que cela correspond exactement à un moment de ma vie où j'allais mal dans ma vie privée. Je n'avais jamais fait le rapprochement, mais cela me saute aux yeux, me paraît maintenant une évidence, les dates correspondent exactement, c'est tout à fait cela. Ces infections, la plupart étant des cystites post-coïtales, étaient incessantes, occasionnant des consultations parfois mensuelles. Si elles m'empoisonnaient la vie, elles m'étaient une bonne excuse pour éviter les rapports sexuels dont je ne voulais pas, n'étant pas en phase avec mon compagnon. Ces problèmes se sont arrêtés quand je suis partie, puis revenue, car la situation a changé, j'ai mis mes conditions, mes limites. En réajustant ma vie à ce que je suis, je me suis guérie. Je n'ai pratiquement plus jamais fait de cystites ni d'infection depuis et je n'en avais jamais faites auparavant non plus.

Vous m'avez aidée à y voir plus clair, tous ces soucis de santé, c'est moi qui les ai créés en subissant une situation avec laquelle je n'étais pas en accord. Tout cela je ne l'avais pas vu avant, c'est dommage que je ne le fasse qu'aujourd'hui et pas il y a 10 ans, cela m'aurait aidée à réajuster ma vie. Si j'avais compris ce que je viens de comprendre, j'aurais eu des éléments factuels, concrets pour changer de vie plus tôt. Ce sont des signes d'alerte que le corps nous envoie. Je vous remercie, cette introspection est très positive ».

Tous les noms propres ont été anonymisés.